Quelque chose est en train de changer en Tunisie. Les gros bonnets qui ont mis leur grappin sur les richesses du pays, les spéculateurs et les contrebandiers sont poursuivis, jugés et condamnés. Des hommes qui, sous couvert de leur appartenance politique et qui jadis furent intouchables, sont déférés devant les tribunaux pour intelligence avec l’étranger, conspiration ou pour avoir été impliqués dans des assassinat politiques, d’envoi de jeunes dans des zones de conflit pour le jihad.
Dans cette guerre de libération nationale, la lutte contre l’impunité bat son plein. Mais il n’y a pas que les poursuites judiciaires qui marquent le renouveau qui s’opère dans le pays. En effet, le toilettage des textes législatifs qui entravent l’investissement, la finance, la fiscalité mais aussi la vie sociale des citoyens, ouvre de nouvelles perspectives et augurent d’un système plus inclusif, plus équitable. L’amendement de la loi 96 qui donne des sueurs froides aux fonctionnaires est à l’étude. La loi dramatique ( 411) relative aux chèques impayés qui a détruit des vies et des familles est aussi sous la loupe. Les membres de la Commission de réconciliation pénale sont à pied d’œuvre. C’est dans ce cadre que l’adoption du nouveau Code des changes jeudi dernier par le Conseil des ministres vient faire sauter les verrous d’un système monétaire désuet et qui n’est plus adapté aux exigences nouvelles d’un monde en pleine transformation du fait de la digitalisation et de l’internationalisation de la sphère économique et financière. Les projets bloqués redémarrent. Le service public rebombe le torse. Un nouveau découpage administratif voit le jour et les élus du Conseil des districts et des régions prendront leurs fonctions bientôt. Les sociétés communautaires émergent avec force. La voix de la Tunisie dans les forums mondiaux se fait entendre. Elle est forte et parfois même fracassante. Toutes les lignes sont en train de bouger mais le legs est lourd et les actions à entreprendre pour remettre à flot le navire Tunisie sont multiples et urgentes. Toutefois, le cap est tracé, la voie est dessinée et les fruits de cette démarche seront bientôt cueillis. La Tunisie est en train de se relever, de panser ses blessures et d’avancer prudemment mais sûrement sur un champ semé de mines.